26 décembre 2020

 

À l’attention de l’honorable Dorothy Shephard, Ministre

 

OBJET : Consultation sur la santé

 

Madame la Ministre,

 

Suite à votre courrier du 20 novembre 2020, dans lequel vous décrivez les défis auxquels font face les soins de santé au Nouveau-Brunswick et demandez aux membres de l’Assemblée législative de fournir leur vision de soins de santé de qualité dans nos communautés, je souhaite répondre au nom du caucus libéral.

 

Notre système de santé s’est construit sur plusieurs années, grâce à la contribution de nombreux experts et de gouvernements successifs. Alors que votre gouvernement cherche à apporter d’importants changements au système de santé du Nouveau-Brunswick, il est essentiel de reconnaître et de mesurer la complexité et l’interconnectivité de tous nos services de santé. Recueillir des idées légitimes quant à l’amélioration de ce système ne peut être accompli en trois mois.

 

On ne peut ignorer les défis que pose la prestation des services de santé. L’accent doit être mis sur l’accessibilité et la qualité des programmes de soins de santé qui seront fournis aux communautés urbaines et rurales de la province et répondront aux besoins des Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises, aujourd’hui et à l’avenir.

 

Comme de nombreux Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises, nous avons été consternés par l’annonce faite par le gouvernement en février dernier de réduire les heures de service des salles d’urgence dans les collectivités de Sackville, Sussex, Perth-Andover, Sainte-Anne-de-Kent, Caraquet et Grand-Sault. Bien que nous ayons été soulagés que le premier ministre ait décidé de faire marche arrière par rapport à ces coupures, nous avons été alarmés par son explication selon laquelle il ne s’était pas rendu compte qu’il y avait « des lacunes dans le plan de déploiement auxquelles il était impossible de répondre ». C’est alarmant car cela montre que le gouvernement était prêt à aller de l’avant avec des changements importants dans notre système de santé sans avoir une compréhension complète des implications de cette décision et sans avoir mené des consultations significatives qui auraient éclairé sa prise de décision.

 

C’est contre cette approche négligente de la réforme des soins de santé que nous devons protéger la population et, en tant qu’Opposition officielle, nous insistons pour que les prochaines consultations donnent l’occasion à toutes les communautés et au grand public de partager leurs points de vue et leurs idées.

 

Nous reconnaissons que la pandémie de Covid-19 a modifié la manière dont les gouvernements en général s’engagent dans des consultations publiques, mais cela ne doit pas être une excuse pour limiter ces consultations.

 

Nous craignons que ces consultations ne permettent qu’à un groupe restreint de parties prenantes invitées de participer.

 

Nous savons qu’il existe déjà des plans de santé au sein de votre gouvernement. Ils ont été mentionnés dans les médias par les régies de la santé et par votre gouvernement. Ces plans impliquent des coupures sombres dans les services de santé.

 

L’amélioration de notre système de santé ne peut pas être un simple exercice comptable. Les Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises méritent d’avoir accès à des services de santé de qualité, quel que soit leur lieu de résidence dans notre province, et ils ne devraient pas être désavantagés par leur situation géographique.

 

En outre, le fait que vous ayez établi un calendrier aussi court pour les consultations avec les parties prenantes amène à se demander si cette consultation n’est pas simplement un exercice de relations publiques visant à justifier les changements en matière de soins de santé que votre gouvernement a déjà décidé d’entreprendre.

 

Le processus de consultation décrit n’aura pas lieu avant le début de la nouvelle année et devra être achevé d’ici mars. Votre gouvernement a indiqué qu’il procéderait à de vastes réformes de la santé qui changeraient totalement la manière dont les services de santé sont fournis et répondraient aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés. Cette consultation qui, selon vous, s’étendra à toute la province, aura lieu en moins de trois mois, en plein milieu d’une pandémie, lorsque notre système de santé et nos professionnels de la santé s’emploieront à prévenir la transmission généralisée de la maladie et à assurer le déploiement des vaccinations.

 

Si vous êtes réellement intéressée par une véritable consultation, le processus de consultation doit être revu. L’avenir de notre système de santé est trop important pour un processus de consultation précipité, inadéquat et sur invitation uniquement.

 

Nous demandons respectueusement qu’un comité spécial de l’Assemblée législative, composé de représentants de tous les partis, soit créé pour entreprendre un processus de consultation ouvert, transparent et bien conçu qui permettrait aux parties prenantes, notamment les professionnels de la santé, les experts, les travailleurs de première ligne, les communautés et le grand public, de participer. Ce comité devrait avoir le pouvoir d’inviter les intervenants à partager leurs points de vue et leurs idées. Cette consultation ne peut être limitée par un délai de trois mois. Nous devons reconnaître les défis de la pandémie et prendre le temps nécessaire pour mener une consultation approfondie.

 

Une partie du mandat du comité spécial consisterait à établir un calendrier plus réaliste afin de garantir qu’il y ait suffisamment de temps pour la consultation des parties prenantes. Les discussions porteraient sur les prestations de santé, les besoins et les lacunes en matière de ressources humaines, les champs d’exercice, les soins de longue durée et concerneraient les nombreuses facettes de notre système de santé. Il est impossible d’entreprendre ces discussions dans le cadre du calendrier de consultation serré proposé par votre gouvernement.

 

Le caucus libéral serait heureux de jouer un rôle actif au sein du comité spécial qui faciliterait la participation et la discussion sur les améliorations à apporter à notre système de santé. Nous attendons avec impatience votre réponse.

 

Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’assurance de ma considération.

 

Roger Melanson

Chef de l’Opposition officielle

 

Jean-Claude D’Amours

Porte-parole en matière de la Santé

 

 

Précédent
Suivant