C’est avec consternation que j’ai pris connaissance des propos du premier ministre Higgs à l’effet que les députés seraient des « talons d’Achille » et des « obstacles » à la mise en œuvre de son programme.

 

Rarement a-t-on fait preuve, au Nouveau-Brunswick, d’un pareil mépris pour la démocratie.  La déclaration du premier ministre Higgs est une attaque contre l’Assemblée législative, contre les députés et contre ceux et celles que nous représentons.

 

J’ai été élu pour faire entendre la voix des gens de Kent-Sud à l’Assemblée législative, pour travailler main dans la main avec eux en assurant que les entreprises locales soient soutenues, que développement économique, social et culturel de notre région soit favorisé et que chacun ait accès aux services dont il a besoin. En tant que député de Kent-Sud, je travaille en étroite collaboration avec nos municipalités, nos dirigeants et dirigeantes communautaires ainsi que divers groupes et individus de la circonscription.  En étant sur le terrain, en rencontrant les gens et en travaillant avec eux, je suis en mesure de faire entendre leurs préoccupations et de défendre leurs intérêts à Fredericton. N’en déplaise à Monsieur Higgs, c’est mon devoir en tant qu’élu.

 

Au cours des derniers mois, nombreux sont celles et ceux qui, dans ma circonscription, m’ont fait part de leurs préoccupations en ce qui concerne l’accès aux soins de santé, les écoles et les routes.  Ils sentent que les régions rurales sont de plus en plus délaissées.  Ils s’en inquiètent.  Je partage cette inquiétude et je le fais savoir à Fredericton, comme plusieurs de mes collègues députés.

 

Pour le premier ministre Higgs, le fait que les députés relaient à l’Assemblée législative et auprès du gouvernement les préoccupations des citoyens et citoyennes, c’est « un obstacle » à la gouvernance.  Si c’est là sa vision de la gouvernance, il me faut m’y opposer.  Passer sous silence les préoccupations légitimes des gens de ma circonscription, ce serait trahir l’esprit du mandat qu’ils m’ont confié en m’élisant député.

 

Alors qu’il était dans l’Opposition, Monsieur Higgs affirmait haut et fort que le gouvernement devait, avant de prendre une décision, non seulement consulter mais également écouter les gens du Nouveau-Brunswick.  Or, depuis qu’il est au pouvoir, la prise de décision est de plus en plus centralisée et tient de moins en moins compte des besoins des régions rurales.  Les gens des régions seraient-il, dans l’esprit de Monsieur Higgs, moins néo-brunswickois que les autres ?

 

Alors que nous attendons la tenue d’élections partielles dans Baie-de-Shediac-Dieppe et dans Sainte-Croix, quel message le premier ministre envoie-t-il, en tenant de tels propos, aux électeurs et électrices ?  Il dit essentiellement qu’ils peuvent toujours élire un ou une député, celui-ci ou celle-ci ne sera ni consulté, ni écouté au sein du gouvernement Higgs.  En d’autres mots, les gens du Nouveau-Brunswick ne seront pas entendus à Fredericton.

 

Les gens de Kent-Sud m’ont accordé leur confiance en m’élisant.  Ils l’ont fait pour que je parle en leur nom. C’est le rôle de tout député. C’est ainsi que fonctionne la démocratie et cela ne change pas, que l’on au gouvernement ou dans l’opposition. Il est regrettable que le premier ministre Higgs déplore le fait que les députés, même ceux de son propre parti, défendent les intérêts de leurs régions respectives.

 

Le Nouveau-Brunswick en est à sa 59ème législature et la démocratie parlementaire y est respectée depuis plus d’un siècle et demi, ce qui fait de nous l’une des plus vieilles démocraties continues au monde.  A titre de citoyen et de député, j’en tire une grande fierté et un profond sentiment d’humilité.  J’invite le premier ministre Higgs à en faire de même.

 

 

 

Benoît Bourque

Député de Kent-Sud

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